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Le mouvement #balancetonporc, les femmes ne méritaient-elles pas mieux?

Le mouvement #balancetonporc, les femmes ne méritaient-elles pas mieux?

Des siècles de combat pour la femme pour en arriver là, un …hashtag présenté comme libérateur de parole en 2017.

Que l'on soit bien d'accord dès maintenant : ce n'est pas la libération de la parole de nombreuses femmes réellement victimes que l'on remet en question ici - chose parfaitement louable et qu'il faut encourager - mais c'est la cause qui a été invoquée et le résultat auquel tout cela aboutit dans un contexte d'hypermédiatisation qui doit interroger.

Il est nécessaire de garder du recul sur les slogans et mouvements de groupe.

L’affaire dite «Weinstein » - venue des Etats-Unis - aurait été le déclencheur nous dit-on.

On aura vu ainsi des dénonciations à tout-va, en tous genres, dans tous les milieux, parfois sorties de nulle part plusieurs d’années après les faits supposés, dans le chaos le plus complet.

Les réseaux sociaux s’en sont donnés à cœur joie en relayant les dénonciations comme toujours, sans tri ni vérification (qui peut vérifier à part la justice d’ailleurs ?). Et cela fonctionne, le public aime le sensationnel, lit simplement les titres et ce qu'on veut bien lui dire d'un dossier.

Les médias, intellectuels, personnalités du monde politique s’en sont réjouis comme si le genre féminin était enfermé dans le silence avant 2017 et attendait le salut des réseaux sociaux pour s’exprimer. On a même parlé de « révolution ».

Les victimes supposées elles-mêmes (supposées car jusqu’à preuve du contraire, une simple déclaration ne fait pas un coupable), ont souvent indiqué qu’elles puisaient leur courage de parler dans le mouvement « #balancetonporc ».

Les « accusés » ont été jetés en pâture dans les médias et présentés comme coupables puisqu’on aime la sanction médiatique avant toute enquête et procès, que les faits soient vrais ou faux.

Et la présomption d’innocence n’existe pas dans ces circonstances même si on fait mine de l'invoquer pour mieux enfoncer l'accusation dans l'affirmation d'après. Elle ne doit surtout pas exister d'ailleurs car elle est un frein sévère à l’hystérie collective et elle n’a jamais vraiment existé de toute façon car elle n’arrange personne et ne sert aucun autre intérêt que celui qui est accusé, autant dire à rien.

Que dire des gens injustement accusés qui ont vu leur vie sociale et familiale être mise à mort ? On n’en parle plus évidemment car le buzz se fait davantage sur l’accusation (oui, la simple accusation) que sur le résultat auquel elle aboutit : l’innocence ou la culpabilité prononcée par la Justice seule. Pourtant, les réseaux sociaux laissent des traces. Celui qui a lu un article qui présente une accusation, n'a pas forcément lu l'article suivant qui fait état de l'innocence. Et de toute façon, le doute est jeté dans l'esprit du public.

On a même entendu certains dire que la libération de la parole était plus importante que les abus qu’elle générait.

On peut ne pas être d’accord avec cette affirmation. Une vie brisée par de fausses accusations médiatiques est une vie brisée.

Et la dénonciatrice de faits imaginaires, quel est son sort ? Ne représente-t-elle pas, elle aussi, un danger aussi important qu’un « porc » et ne doit-elle pas être sanctionnée? La dénonciation calomnieuse est punie par l’article 310 du Code pénal. Au nom de l’ordre, il faudrait l’appliquer de manière aussi implacable que l’on condamne les agresseurs.

Faut-il rappeler qu'on a vu des femmes déposer de fausses plaintes pour viol contre un époux, ex-amant, ami, par simple vengeance, en déclenchant tout le rouleau compresseur de la justice?

On va donc nous faire croire, en 2017, après des siècles d’évolution, que les femmes attendaient une affaire « Weinstein » et un hashtag au nom insignifiant pour enfin avoir le courage de parler ? La noblesse du genre féminin méritait mieux qu'un mouvement aussi réducteur.

Et que dire alors de toutes ces femmes qui n’ont pas attendu un signe stupide pour réussir brillamment, par la force de leur courage, de leur volonté, de leur intelligence (c’est surtout de cela dont le monde a besoin) et elles sont bien plus nombreuses qu’on essaie de nous le faire croire, il faut s’en réjouir. Elles occupent bien souvent de très hautes et nobles fonctions, qu'elles soient professeurs de médecine ou mères investies pour leur foyer, par choix.

Ce sont ces femmes qu’on laisse bien trop dans l'ombre qu’on doit valoriser parce qu’au lieu de focaliser sur des mouvements éphémères, tout le monde oublie celles qui se donnent du mal.

Au contraire, on starifie celles qui accusent. La principale accusatrice de Tariq Ramadan, inconnue jusqu’ici, invitée sur tous les plateaux télés depuis ses accusations, vient d’être classée parmi les femmes les plus influentes du monde en raison de ses seules accusations (rien que ça ! Mais classée par qui, reste à voir...) et avant même toute issue de l'enquête.

Des affaires « Weinstein », ce monde en a connu des milliers depuis des siècles et dans tous les pays du monde. Pour autant, personne ne les avait revendiquées de cette façon pour prétendre être enfin libéré. Que s’est-il passé en 2017 ?

En quoi une affaire - qu’on ne connaît d’ailleurs qu’à travers les médias et qui concerne un producteur à Hollywood - peut-elle donner le courage à toutes les femmes du monde (occidental ?) de parler du jour au lendemain ? Que retient-on de cette affaire ? Que sait-on réellement des faits ?

Que cette affaire ait pu permettre de libérer la parole des femmes concernées par ce Monsieur pouvait se comprendre et devait être encouragée, mais au-delà ?

Et de fil en aiguille, ce sont toutes sortes de témoignages qu’on lit, des récits de vraies agressions jusqu’à des tentatives plus ou moins lourdes de séduction que l’on présente comme très graves, concernant des hommes politiques, des journalistes, des intellectuels. Un regard trop insistant d’un homme sur une femme qui lui plaît sera bientôt interprété comme l’œuvre d’un porc. Combien de couples se sont formés sur la base d’une drague lourde ou insistante (pouvant presque être qualifiée d’agression) venant de l’un ou de l’autre ? Il faudrait le voir pour le croire.

La séduction à notre époque est bien plus complexe qu’on ne le croit. Peut-être même depuis toujours.

Les journaux se mettent même à écrire des articles sur la frontière entre la drague et le harcèlement, c’est un retour en arrière et toujours dans un seul sens : l'homme domine, la femme subit. On en vient à se demander si finalement, au lieu de rétablir l'égalité, on ne finit pas par la détruire.

Malheureusement et subrepticement, c’est un glissement qui s’opère, c’est le genre masculin qu’on en vient à accuser de tout, qu’on présume être mauvais.

Mais aurait-on oublier, ne serait-ce qu’en lisant les faits divers, que le pire peut être féminin ou masculin? (se replonger dans quelques émissions de « faites entrer l’accusé » rappellera quelques-uns des pires scénarios). C’est surtout l’humain et son éducation qu’il faudrait revoir, au-delà des sexes. 

Et il n’est pas certain qu’une société sorte grandie lorsque le combat pour l’égalité des femmes bascule en une opposition entre les genres et ce, au détriment des relations hommes-femmes.

On terminera sur une pensée de la brillante Marguerite Yourcenar, première femme à être entrée à l'Académie Française, qui expliquait dans une série d'interviews de 1981 consacrée à la condition féminine, que : "il y a un élément gênant dans le féminisme de nos jours, c'est l'élément de revendication contre l'homme, une tendance à se dresser contre l'homme en tant que femme qui ne me paraît pas naturelle, qui ne me parait pas nécessaire et qui tend à établir des ghettos".

Publié le 28/12/2017

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